74x10.4

la taille d'identitée.

 
 

Flash Player pas à jour

 
 
 

On aurait pu croire qu'il suffisait d'être vivant pour exister, comme pour tous, pouvoir aller et venir entre pays, culture et famille.
Mais le problème est que bien souvent les chances ne sont pas les mêmes pour tous.
Comment ne pas vouloir fuir les guerres quand elles sont leurs voisines. On ne peut s'habituer à manger en tête à tête avec la misère créée par la cupidité de quelques hommes. Ceux-ci étant plus intéressés par leur bourse que par le bonheur de ceux qui les entourent et qui ont cru trop souvent en leurs promesses. On ne peut pas regarder la télé faire son profit sur leurs problèmes, tout en s’abreuvant du rêve occidental.
Alors ils prennent la route pour la France, ce pays dont leur aïeux leur parlaient avec fierté, là ou l'on peut travailler pour la famille et le village. Car pour chaque euro gagné une partie est renvoyée au pays pour construire les écoles, les hôpitaux, les marchés, les mosquées, les églises ainsi que les maisons de leurs familles. Mais ces héros clandestins sont contraints de vivre dans une ombre de 7,4x10,5 cm : taille d'une carte d'identité, si petite à l'échelle d'un pays, mais véritable muraille face au bonheur.

Il reste une solution : la lutte, sans haine, sans violence, se regrouper et prouver encore une fois que le nombre fait la force. Armés de leur seule patience et d'une détermination à toute épreuve, ils sont 1500 travailleurs sans papiers à occuper la Bourse du Travail de la rue Charlot en 2009. Malgré les coups bas que leur ont fait subir certains syndicats afin de les faire partir, ils ont résisté une année entière et ils seraient encore là bas. Mais les gros bras de la CGT ont finalement décidé d'en venir au clash. Armés de bombes lacrymogènes et de bâtons ils ont fait irruption début juin 2009, pour virer les quelques femmes et enfants restés sur place, envoyant 10 personnes à l'hôpital. La plupart des hommes étaient absents car ils étaient partis manifester pour leur cause.

Mais c'était mal connaitre ces gens, eux qui ont traversé les mers et qui connaissent la signification du mot lutte. Face à la bêtise et à l'indifférence générale , ils ont répondu par une leçon de courage en décidant de prendre le trottoir de la bourse comme nouveau terrain de lutte. Et c’est sous l'œil des CRS que 1300 personnes ce sont installées là avec le peu d'affaires qu'ils avaient eu le temps de prendre lors de la descente de la CGT.

Ce trottoir devant d'un coup une vitrine à ciel ouvert de la politique occidentale envers les pays pauvres.

Le jour où notre armée se pavanait sur les Champs Elysées, le gouvernement leur faisait une proposition orale « 300 sans papiers verront leur dossier relu avec bienveillance » à la seule condition qu'ils quittent le trottoir au plus vite. Comme prévu, le groupe se scinda en deux parties : une centaine sont restés sur le trottoir et les autres sont partis occuper les anciennes archives de la Sécurité Sociale, rue Baudelique dans le 18ème.

La solidarité est un aimant. Les 1100 hommes, femmes, enfants regroupés là bas, se virent bien vite rejoints par d'autres naufragés administratifs de toutes origines confondues, Mali, Sénégal, Sierra Leone, Turquie, Kurdistan, Algérie, Maroc. Tous ces hommes se sont rassemblés pour un même objectif : avoir le libre arbitre de leur vie.

Franck Vibert
 

 

 




Créer un site
Créer un site